Transit de l’ISS devant le soleil, le retour
Je regarde régulièrement le site https://transit-finder.com/ qui permet de connaitre les moments où la Station Spatiale Internationale passe devant la Lune ou le Soleil depuis notre localisation sur Terre.
J’ai déjà réussi à capturer un de ces transits, devant le Soleil, à l’été 2021. A l’époque je ne pensais pas être capable de faire une telle photo, la réussir a été une sorte d’accomplissement personnel ! 😊
Depuis je veux recommencer l’expérience pour essayer de faire mieux, ayant désormais plus d’expérience. Et je sais toute la difficulté de la chose !
Déjà, il faut trouver un créneau. Je dirais que, depuis chez moi, il y a 2-3 transits visibles, théoriquement, par an. Sur ces occurrences, il faut enlever celles qui sont cachées par les haies/arbres/maisons depuis mon jardin (quand elles sont trop basses sur l’horizon). Evidemment celles où il y a des nuages. Et celles qui se produisent en pleine nuit un jour de semaine, ou en journée un jour de travail, ou pendant les vacances quand je ne suis pas chez moi.
Autant dire qu’il reste donc très peu de créneau !! 😞 Et ce 18/12/2024, les planètes semblent alignées : la météo s’annonce bonne, je suis disponible à la maison, et le soleil sera visible depuis mon jardin à 12h51, heure prévue du transit.

Le matin, dès 10h, je sors le matériel, sachant qu’il va falloir que je passe du temps à préparer le matériel, qui n’est pas tout à fait le même que pour les photos du ciel profond que j’ai l’habitude de faire.
Je commence par faire comme d’habitude, mais je ne peux pas régler correctement la mise en station du télescope en faisant l’alignement polaire, puisqu’aucune étoile n’est visible. La fonctionnalité de viser automatiquement le soleil avec le logiciel N.I.N.A ne fonctionne pas. Je fais donc une visée manuelle, ce qui est simple pour le soleil. Evidement, la toute première chose à faire est de mettre un filtre solaire sur le télescope, pour éviter de perdre un œil ou une caméra.
La mise au point automatique ne peux également pas se faire, puisqu’elle se fait avec des étoiles. Je branche donc la télécommande manuelle sur le moteur de mise au point, pour essayer de faire une mise au point satisfaisante.
Après 2h d’installation, tout est en place pour faire la prise de vue avec mon APN que j’utilise pour les photos du ciel profond. Mais ici, il ne s’agit pas de faire des photos avec un long temps de pose, mais une vidéo avec un temp de pose ultra court (quelques millisecondes). Mon APN ne le permet pas, en tout cas pas aussi bien que la caméra planétaire, que j’utilise, en temps normal, comme caméra pour l’autoguidage.
J’ai désormais vérifié que je suis capable, au pire, de faire une vidéo du transit avec mon APN, j’ai encore le temps de changer le dispositif pour remplacer l’APN par la caméra planétaire. Ce que je n’ai pas réussi à refaire depuis des années…
Finalement je trouve un montage qui me permet (enfin) de faire la mise au point avec cette caméra. Avec la caméra enfoncée au maximum dans le porte oculaire, et ce dernier sorti au maximum avec la crémaillère de mise au point, impossible de faire la mise au point, il faudrait sortir plus le porte oculaire 😯. Il m’a donc fallu sortir un peu de la caméra de son emplacement, pour enfin faire la mise au point \o/ (ce qui me permettra de pouvoir, enfin, refaire des photos planétaires).

Le capteur de la caméra étant petit, le soleil n’apparait pas en entier dans le champ (contrairement à l’APN). Il va falloir que je vise pour avoir le maximum de surface du soleil dans le champ, pour avoir le plus de chance possible de voir l’ISS passer. Heureusement, sur ce transit, l’ISS passe quasiment au milieu du Soleil, je ne devrais pas la louper. 🤞
Une demi-heure avant le transit tout est en place. Je contrôle tout depuis mon salon, sur mon PC portable. Je déplace toutes les 5 minutes le télescope pour recentrer le soleil dans le champ de la caméra, puisque le suivi automatique est peu précis (la mise en station n’a pas pu être faite correctement) : le soleil sort du champ rapidement.
Coup de stress : je perds la connexion entre mon PC portable et le télescope pendant 10 minutes, 30 minutes avant le transit. Après ces heures de préparation, et enfin une chance d’assister à ce phénomène depuis des années, je serai dépité si un problème technique comme celui-là venait à faire capoter la prise de vue 😨
Finalement, 1 minute avant le transit, je suis devant l’écran avec le Soleil bien centré dans le champ de la caméra, la connexion avec le télescope et la caméra qui fonctionnent. Ma compagne et mon petit garçon viennent me rejoindre.
20 secondes avant le transit prévu je lance l’enregistrement de la vidéo…
Et OUI, sur l’écran on voit clairement passer, très fugitivement, un point noir devant le Soleil !!! 😁😎
Mission accomplie !! 🎉
J’arrête l’enregistrement de la caméra, et je croise les doigts pour que l’enregistrement se fasse correctement sur le disque dur.
Problème : j’ai mal configuré le type de fichier à enregistrer dans le logiciel de capture de la caméra (SharpCap) : ce sont 497 images .PNG et non pas une vidéo que je récupère. Je regarde rapidement toutes les images, pour m’assurer qu’au moins sur l’une d’entre elles est présente l’ISS. Et c’est bien le cas, sur 6 images, on y voit la forme caractéristique de H de l’ISS, qui se distingue des autres formes noires que sont les tâches solaires.

Après plusieurs heures de traitement (et de recherche pour convertir les fichiers .PNG très tramés : Conversion de PNG SharpCap tramés), je réussi à obtenir une vidéo en temps réel du passage.
On distingue plus facilement le passage sur la vidéo au ralenti :
Et pour finir, un montage montrant la trajectoire de l’ISS devant le soleil colorisé 🌞 :
